Un café trésor dans un village du Perche

17 Fév

Dans le Perche, un dimanche, nous croisons la route de Christine dans son café champêtre. Son bar est ouvert. Il est 13h. Personne, le village est désert. Nous n’y croyons pas nos yeux. Un miracle. Presque normal devant une basilique renommée. Nous entrons et nous apprêtons à nous asseoir prudemment au comptoir sur un tabouret en questionnant d’un regard son autorisation.  La patronne acquiesce et nous dit d’une voix vaguement abattue :

– Je ne vous demande pas vos « pass », vous les avez…

Une manière de nous laisser libres à demi-mot. Avec douceur, nous sortons de concert nos bouts de papiers tout écornés depuis le temps. La patronne les scanne puis se met à raconter sa vie à deux inconnus. A mesure, son timbre de voix reprend couleurs : 

– Il n’y a personne mais ça ne fait rien, j’ouvre quand même ; je préfère ça plutôt que de rester toute seule chez moi, depuis deux ans c’est dur, bien sûr on a eu un peu de subventions mais les gens sont devenus très agressifs, quand je demande le « pass » – toujours très gentiment, je ne veux pas embêter – souvent je me fais insulter, les gens sont furieux, la colère couve et ne demande qu’à sortir, mais j’ai aussi les gendarmes qui passent régulièrement ici… comment faire ?

Nous l’écoutons devant nos cafés noirs au goût âcre, et puis, finissons par échanger sur la vie du village, les promenades, c’est un moment chouette. Et même si nous pouvions perdre nos « pass » le surlendemain, mardi 15 février 2022, nous ne l’aurions jamais injurié, mais serions nous entrés ?    

Chez Judy, une cantine cosy avec un café coutume

12 Jan

Une petite adresse chic, dont les grandes villes ont le secret, qui nous transporterait presque en y mettant du nôtre au pays de Larry David, sur la Côte Ouest des États Unis. Il y a dix ans, nous l’aurions traité de « branché ! » cet endroit. Aujourd’hui, nous nous contentons de lire sur le menu « cantine qualitarienne ». Ah oui ?!

« Tous nos plats sont élaborés par Dominique Gassin, naturopathe australienne. Judy propose des plats sans gluten, sans lactose et sans sucre raffiné », apprenons nous sur le site du restaurant du 6ème arrondissement – situé au coin de la rue d’Assas et de la rue de Fleurus. A deux pas du Jardin du Luxembourg. A trois pas du Sénat, où les tribuns discutent chaudement en ce moment du projet de loi instaurant un passe vaccinal, pour remplacer un passe sanitaire, et votent les amendements qu’ils peuvent. Tiens comme celui-là voté la veille : retrait de l’obligation faite aux patrons de café et de restaurants de contrôler l’identité des porteurs de passe.

SI la loi était adoptée cela donnerait ceci :

-Bonjour messieurs dames.

Pouvez vous me montrer vos passes vaccinaux, s’il vous plait ?

Et vos cartes d’identité aussi ?

Y aurait il encore des consommateurs assis ?

Probablement, les mêmes qui montrent leur passe vaccinal. Cette nouvelle routine est instaurée depuis cinq mois déjà. Les cafés et restaurants sont en ce début 2022, peuplés uniquement de frais « spikisés » , c’est-à-dire de vaccinés et de guéris de moins de six mois d’une injection ou d’une maladie au covid-19. La seringue sous la gorge ou pas, pour beaucoup d’entre nous c’est le compte à rebours. Un jour dedans, un jour dehors.

A côté de cette situation inqualifiable et à laquelle il ne faut pas s’habituer, chez Judy, on entre, on sourit, on se pose, on admire les plantes vertes joliment disposées, la lumière naturelle via les grandes baies vitrées, la déco sur le mode naturel, du bois, du vert. Tout est douillet. Les frites à la patate douce, le burger au poulet, la dorade du jour, le monticule de légumes ; tout a l’air bon et gracieux. Le jus chaud au citron, gingembre, vinaigre de cidre et sirop oscille entre « j’te tue par mon acidité » et « j’te reconstitue le foie ».

Et le café ? La serveuse questionnée connait son affaire. C’est un plaisir de l’écouter. Un café coutume de Colombie, à l’acidité tempérée, servi ristretto. Tasse en porcelaine blanche et prix correct pour le quartier et la qualité, 2,50 €. Alors cette cantine ? Une ruine pour tous les jours (comptez 25 €) mais… de temps à autre, en toute simplicité si… le monde n’a pas basculé à l’envers.

reportage photo @boncafeparis

Judy
18 rue de Fleurus
75006 Paris
Ouverte 7 j / 7 

Année 2022, bon voyage au pays du café libre

8 Jan

Bonne année à tous les amateurs de bons cafés, sous le signe de la joie de voyager au bout du monde et en espérant retrouver le comptoir libre et une table pour tous.                     

Tasse en porcelaine -
Les voyages des papilles
Avec un café !
Marie-Louise G - 2022
                              

Bonjour Tokyo

Un café Bonobo à la maison Lapeyronie près du Centre Beaubourg

16 Nov

[2021] Va savoir pourquoi, cette institution parisienne de la torréfaction, j’ai nommé la maison Lapeyronie, m’attire les jours de brume. Quand le ciel gris blanchit sous la fraicheur hivernale ; que la neige nous titille l’imaginaire et que noël commence à tintinnabuler dans nos cabèches. A la campagne sous un tel toit, j’irais peut être musarder dans la forêt, soulever le tapis de feuilles de mon pas leste. Dans la capitale, l’humeur flâneuse, je m’arrête boire un café dans le quartier de l’horloge non loin du centre Beaubourg ; deux heures plus tard, ce serait une tasse de chocolat chaud à la cannelle. Beaubourg, …, tiens, une troupe de salariés du Musée discute à un mètre de moi ; si je prêtais l’oreille, je pourrais apprendre plein de choses sur des inconnus. De l’autre côté, des cinéphiles patientent avant leur prochaine séance au MK2 Beaubourg. Tout juste une dizaine de places à l’intérieur et une terrasse à l’extérieur.

Les embruns de café naviguent à travers la salle. Mes naseaux frémissent. Que ce lieu sent bon.

Je commande un café bonobo, une pure origine du Congo, qui m’est annoncé « fruité ».

-Bonne dégustation ! me lance la patronne derrière son comptoir.

Pour deux euros, la tasse aux bords bien épais me régale d’un fleuve africain au goût de chocolat, sur un fond sableux égayé d’arômes fruités, à la saveur acidulée. Sans excès. C’est le genre de breuvage gourmand qui sonne le rappel pour ne pas finir bêtement, là, en pâmoison.

Je me souviens d’un article sur le café des torréfacteurs, écrit dans les années 2000. Le patron de la maison Lapeyronie de l’époque m’avait consacré une bonne heure et demi, pour transformer la candide que j’étais en initiée. C’est au 9 rue Brantôme que je suis née au café, avant même la rencontre avec Eric Duchaussoy du café Verlet, une autre institution, une autre histoire. En tout cas, je n’ai plus jamais ajouté de sucre dans mon café après cet article et changé de fournisseur. De quoi nourrir les nombreuses moutures d’un journaliste de terrain… [visité en novembre 2021]

MAISON LAPEYRONIE

9 rue Brantôme

75003 Paris

Métro : Rambuteau, Les Halles.

Un jaja dans le Marais, entrée sur cour

11 Nov

[2021] Jaja a dix ans. Créé en 2011 par Ludovic Dardenay et Julien Fouin, ancien rédacteur en chef du magazine de gastronomie Régal. Actuellement, le chef est Eduardo Gonzalez. Dès l’entrée, on vous sert : – Vous allez bien ? avant de vous demander le passe sanitaire. Le sourire est l’ingrédient secret de la maison.

Le parcours est sans faute. C’est pourquoi nous recommandons toujours cette adresse nichée au fond d’une cour, dotée d’une véranda et d’une terrasse ouverte. La carte de vins nature est solide et le prix menu du midi sage, même avec quelques suppléments. Carte courte dans le respect des saisons chères à la bistronomie : deux entrées (Panaché de champignons, sabayon, croûtons ou Beignets de poissons sauvages, velouté^té de potimarron vert), deux plats (Cabillaud sauvage, mousseline de pommes de terre, potimarron, chou, Romanesco, miso ou Suprême de canette, purée de carottes, girolles, chips de patates douces), un dessert (Panacotta à la vanille de Madagascar, poire pochée). Entre 23 et 27 € (nov. 2021)..

Le café n’échappe pas à la règle de l’excellence. Signé Terres de café, celui-là sortait de l’ordinaire par son équilibre parfait entre acidité et amertume et son prix raisonnable dans ce cadre à 3 €.

Jaja
3 rue Sainte Croix de la Bretonnerie,75003 Paris 01 42 74 71 52 Formule déjeuner 23 € ou 27 € le midi. Métro : Saint Paul-Hôtel de ville

[Visité en nov. 2021]

Le café des années covid, la mort du café incognito

10 Nov

[Nov. 2021] Vous vous souvenez ? Le temps où l’on se glissait furtivement dans un café, un journal à la main. Vous teniez du papier avec de l’encre noire qui s’imprimait sur les doigts. Sans rien dire. Pfut. Vous vous posiez pour immédiatement être installé dans la place. Un moment du quotidien à la fois délicieux et si banal. En terrasse ou en salle, sur une chaise ou sur une banquette. Un serveur arrivait à son heure, le ventre pointé vers l’horizon pour vous dire : « Et Monsieur, qu’est ce qu’il prendra ? » Vous l’entendez la voix éraillée du Titi Parisien ? Je l’ai bien dans l’oreille moi. Avec celle de Coluche, Arletty… Frétille encore sur mes papilles l’ombre de la liberté, son goût râpeux, âcre sur les bords parfois ; tout crémeux d’autres fois, quand ce n’est pas carrément leste, chamarré, iconoclaste, foufou. C’est toujours ça avec la liberté, imprévisible, n’est-elle est pas ? Et moi je me tenais là, au milieu des autres gens, incognito. Heureux d’être un passant à qui l’on demandait si peu.

Un client lit un journal et boit un café assis en terrasse lors de la réouverture des restaurants et cafés le 2 juin 2020 à Lyon, France. (Photo by Robert DEYRAIL/Gamma-Rapho via Getty Images)

– Et alors vous avez votre Passe ?

-Vous n’avez pas de smartphone ?

-Mais enfin voyons, un journal, ça ne suffit pas !

-Mais d’où sortez vous ?

-Vous n’allez pas pouvoir rester là, sortez Monsieur !

-S’il vous plait

-Oui, bon, s’il vous plait.

-Il ne me plait guère…

Une page est tournée. Terminé le café au bon goût incognito. Mais ça tombe peut être bien ; le covid a emporté mon goût.

2020, une année de crise pour le café

9 Jan

source image alamy stock photo

Dégustons notre petit noir au comptoir… tant qu’il existe encore. Quel breuvage prendra sa suite dans cinquante ans ?

Actuellement les articles se multiplient  pour dénoncer deux maux qui frappent les producteurs de café : la spéculation, qui anticipe une baisse des cours et provoque, … une baisse des cours,   et  le  dérèglement climatique, très défavorable aux caféiers.

Des plans de soutien aux producteurs sont déployés par les grandes multinationales de la filière (Starbucks, Nespresso, etc…)  Pour quelques années encore, les consommateurs verront leur tasse remplies.  Mais peut on arrêter la course du réchauffement  ?  Les buveurs de café sont peut être bien des dinosaures en puissance…  certes, une petite goutte noire dans un océan de tracas.

Bonne année 2020 aux lecteurs de boncaféparis !   

Le café (bio) de l’Abbaye des Vaux de Cernay

27 Déc

Un café d’été au goût d’éternité  | Abbaye des Vaux de Cernay.

[2018] Il a bien fallu quelques mois de vie locale avant d’oser s’asseoir sur l’une des tables de cette abbaye chic. Lieu très prisé, certains convives y débarquent  de leur hélicoptère, légèrement, la mèche au vent.  Cette abbaye est l’un des joyaux de la Vallée de Chevreuse.  Édifiée  au XIIe siècle par des moines de Savigny puis rattachée à l’ordre de Citeaux, restaurée au 19ème siècle par la marquise Charlotte de Rothschild après quelques outrages, elle est devenue aujourd’hui un hôtel particulier. Un établissement privé qui offre à des clients fortunés, mariages sélectes, séminaires au calme… sous l’ombrage des arbres remarquables de son parc de 65 hectares. Lire la suite

Au cœur du café équitable au Guatemala avec Max Havelaar et Lobodis

22 Juil

France culture – Reportage sur le café équitable du Guatemala vers la Bretagne. Le café équitable est arrivé en France pour la première fois il y a 25 ans en Bretagne.  Café Lobodis – Marc Dufumier (ingénieur agronome) Max Havelar France. 11 mai 2018

Meilleur café de Bellême, à La verticale, dans l’Orne

22 Juil

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Table 402 –  Café Illy 1,50 € (visite juillet 2018).

[2018] C’est là !

C’est bien là, après une petite visite dominicale à la brocante du village,  que l’on peut  venir se sustenter avec de bons amis. Dénicher de belles quilles au style fruité « nature » à boire entre deux bouchées de tapas régénérantes (rillettes de maquereau, tapenade, tzatiki maison ultra frais), des plats simples bien fagotés (bar, pâtes au pesto et légumes du soleil, salade italienne…)  et un café Illy,  parfaitement concluant. Le café gourmand s’essaye et sait raviver les douces ardeurs (7,90 €). Des prix doux à la percheronne. Un jardin d’été sous parasols XXL. Une chaleur contagieuse en hiver. Décidément Bellême, avec sa nouvelle fromagère, son chocolatier réputé, sa librairie hors pair, ses maisons en vieilles pierres et sa cave à manger… sait attirer son petit monde. Alléluia !

La verticale
Une cave à manger ouverte le dimanche
jardin terrasse
9 place de la République
61130 Bellême 
Tel. : 02 33 25 67 16