Un café trésor dans un village du Perche

17 Fév

Dans le Perche, un dimanche, nous croisons la route de Christine dans son café champêtre. Son bar est ouvert. Il est 13h. Personne, le village est désert. Nous n’y croyons pas nos yeux. Un miracle. Presque normal devant une basilique renommée. Nous entrons et nous apprêtons à nous asseoir prudemment au comptoir sur un tabouret en questionnant d’un regard son autorisation.  La patronne acquiesce et nous dit d’une voix vaguement abattue :

– Je ne vous demande pas vos « pass », vous les avez…

Une manière de nous laisser libres à demi-mot. Avec douceur, nous sortons de concert nos bouts de papiers tout écornés depuis le temps. La patronne les scanne puis se met à raconter sa vie à deux inconnus. A mesure, son timbre de voix reprend couleurs : 

– Il n’y a personne mais ça ne fait rien, j’ouvre quand même ; je préfère ça plutôt que de rester toute seule chez moi, depuis deux ans c’est dur, bien sûr on a eu un peu de subventions mais les gens sont devenus très agressifs, quand je demande le « pass » – toujours très gentiment, je ne veux pas embêter – souvent je me fais insulter, les gens sont furieux, la colère couve et ne demande qu’à sortir, mais j’ai aussi les gendarmes qui passent régulièrement ici… comment faire ?

Nous l’écoutons devant nos cafés noirs au goût âcre, et puis, finissons par échanger sur la vie du village, les promenades, c’est un moment chouette. Et même si nous pouvions perdre nos « pass » le surlendemain, mardi 15 février 2022, nous ne l’aurions jamais injurié, mais serions nous entrés ?    

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