C’était un après midi d’octobre. Un coursier toque à ma porte, chargé d’un sac en toile de jute. Dedans, un communiqué de Cofféa. Une société havraise. Ah ! le Havre ! Un lieu qui m’embarque immanquablement vers un ciel grisonnant au dessus d’un port immense, peuplé de cargos du monde entier aussi hauts que des immeubles à étages ; des monstres de fer, ruisselant de sel et de rouille, et toujours tirés, une fois au port, par des bateaux « abeilles » ; me revient aussi le souvenir de la tribu des dockers avec leur ancre de Popeye tatouée sur l’avant-bras, en grève presque toujours ; et tout autour de ces images qui se soulèvent, à travers le hublot, je revois le film des vacances chez ma grand-mère, à Frileuse, au temps où les fillettes portaient fièrement des couettes de Fifi Brindassier, l’héroïne de mes huit ans.
Cofféa, merci pour ce retour en arrière.
A l’époque j’ignorais tout des chargements de café à destination du port du Havre, j’ignorais tout du plaisir du café, je me contentais de humer l’odeur d’un breuvage noir et âcre à la mine chafouine, sans pouvoir l’aimer.
Le coursier a fini par repartir, j’ai ouvert le sac, destiné à BoncaféParis, deux paquets de grains moulus en édition limitée, des dosettes force 3. Dans le genre suave et aromatique. Du bonheur. Une boule de Croc’pétillants à accrocher au sapin, renfermant de délicieux chocolats au lait avec des éclats de sucre. Et un thé noir Mon Chaï (Assam et Chine) sublimé par des épices gourmandes, à savourer au chaud, emmitouflée dans un gros chandail en laine, en laissant les pensées virevolter sous le souffle automnal comme des feuilles légères.
Cette enseigne sympathique, Cofféa, créée en 1968 par un groupe alsacien (SALPA), a conservé son usine de torréfaction près du Havre. Une cinquantaine de magasins existent en France, quatre à Paris. Ces franchises affichent depuis peu « Torréfacteurs passionnés ». Cafés ou assortiments, je ne saurais dire entre les deux, lesquels je préfère…
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